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chap. xx. — diversions.

tions, l’attaquant envoie un simple détachement d’un millier d’hommes fouiller l’une des provinces de l’ennemi située en dehors du théâtre de guerre, on se rend bien compte que ce n’est pas par l’envoi d’un nombre égal mais bien d’un nombre supérieur de combattants que le défenseur parvient à protéger la province contre ces incursions. On doit se demander cependant si, au lieu de défendre directement la province ainsi menacée, le défenseur ne pourrait pas rétablir l’équilibre en usant de représailles et en choisissant lui-même, dans le territoire de son adversaire, une province de valeur correspondante pour la faire réciproquement parcourir et rançonner par un nombre égal d’hommes ? Dès lors en effet, pour que l’attaquant pût se promettre de tirer avantage de son entreprise, il faudrait au préalable qu’il fût certain que, des deux provinces, c’est celle sur laquelle il se propose d’opérer qui présente le plus de ressources et le plus d’importance, car, dans ces conditions, le plus faible détachement qu’il y enverrait ne manquerait pas d’y attirer un nombre supérieur de forces ennemies et le but de l’opération serait atteint. Il convient toutefois de remarquer ici que plus l’effectif des troupes consacrées à la diversion augmente et plus l’avantage de l’opération diminue pour l’attaque. 50 000 hommes, en effet, ne sont pas seulement en état de défendre une province de moyenne importance contre un nombre égal mais même contre un nombre quelque peu supérieur de combattants. Lorsqu’il s’agit de corps plus considérables encore l’avantage devient des plus douteux, et dès lors il faut que les rapports généraux favorisent tout spécialement l’opération pour que l’attaque puisse espérer en tirer quelque chose de bon.

Or, pour que l’opération réussisse, il faut en général :