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chap. x. — places fortes.

que la défense peut tirer d’elles. Cet idéal ne saurait, d’ailleurs, nous troubler dans la suite de nos considérations, car, alors même qu’il serait réalisable, il faudrait encore, dans le grand nombre des points fortifiés, en imaginer quelques-uns de supérieurs à tous les autres et qui, comme tels, deviendraient les points d’appui spéciaux de l’armée de la défense dans ses opérations en rase campagne.


Nous prions le lecteur de remarquer que c’est à peu près exclusivement par leur action passive que les places fortes remplissent les conditions que nous venons de développer dans les deux articles précédents sous les nos 1 et 2. Dans les quatre articles suivants l’action extérieure des points fortifiés va commencer à devenir plus sensible.


3o  Les places fortes doivent être considérées comme les serrures des barrières que l’attaque rencontre dans sa marche.


Elles ferment les routes et souvent aussi les fleuves sur lesquels elles sont situées. Or il n’est pas aussi facile qu’on est généralement porté à le croire de trouver un chemin praticable qui tourne une forteresse. Le circuit, en effet, ne doit pas seulement se produire en dehors de la portée des canons de la place, mais bien encore sur un cercle plus ou moins étendu en raison des sorties possibles de la garnison. Il résulte de cette nécessité que pour peu que le terrain soit difficile, la moindre déviation en dehors de la route normale occasionne parfois dans la marche de l’attaquant des journées entières de retard, ce qui, en raison de l’usage répété de la route, peut devenir très grave.

Il va de soi qu’en interrompant la navigation des