Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
chap. x. — places fortes.

8o  Elles couvrent des cantonnements étendus ;

9o  Elles protègent les provinces non occupées ;

10o  Elles constituent des centres pour le soulèvement des populations ;

11o  Elles aident puissamment à la défense des fleuves et des montagnes.


Nous allons les examiner à chacun de ces points de vue.


1o  Les places fortes abritent les grands magasins d’approvisionnements de la défense.


Pour ne pas vivre aux dépens de la contrée qu’il veut défendre et qu’il est de son intérêt d’épargner, le défenseur doit généralement et longtemps d’avance rassembler des approvisionnements en grandes masses sur le territoire même où la lutte aura lieu.

L’attaquant, au contraire, dans sa marche en avant vit au jour le jour sur le pays envahi, et laisse ses approvisionnements fort en arrière et par suite à peu près hors d’atteinte. Il se présente donc ici une grande différence entre les deux adversaires, et l’on comprend que si les grands magasins qui sont indispensables à la défense ne sont pas placés dans des endroits fortifiés qui les mettent à l’abri de tout coup de main, cela seul peut avoir la plus désastreuse influence sur son action militaire et la contraindre, parfois, à prendre les positions les plus forcées et les plus étendues pour couvrir ses approvisionnements.

Une armée défensive sans places fortes a cent points vulnérables ; on peut la comparer à un corps sans armure.