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la défensive.

Le lendemain en effet, et bien que le défenseur puisse à la vérité avoir ainsi perdu sa meilleure ligne de retraite et se trouver, par suite, dans une situation stratégique désavantageuse, la manœuvre enveloppante de l’attaque ne le menace plus, par la raison qu’ayant été calculée sur les dimensions du champ de bataille elle ne saurait atteindre beaucoup au delà. On voit donc que, sous ce rapport, un certain équilibre ne tarde pas à se rétablir entre les deux adversaires.

Étudions maintenant, par contre, quelles sont les conséquences de la victoire quand elle est due à l’action rayonnante. Le premier résultat est naturellement le morcellement du vaincu. Tout d’abord la retraite de celui-ci en est facilitée, car elle peut alors s’effectuer par une quantité de voies différentes ; mais dès le lendemain s’impose impérieusement le besoin de réunir les tronçons de l’armée dispersée. Or, pour peu que la victoire ait été vigoureusement enlevée et que la poursuite soit dirigée avec énergie, cette réunion peut devenir impossible, et, de degré en degré, cette impossibilité peut changer la défaite en déroute complète.

Si Bonaparte eût été vainqueur à Leipzig, les armées alliées se fussent trouvées coupées les unes des autres, ce qui eût considérablement abaissé le niveau de leurs rapports stratégiques.

À Dresde, où ce grand général n’a cependant pas livré une bataille défensive proprement dite, il attaqua néanmoins en procédant du centre vers la circonférence, c’est-à-dire dans la forme qu’affecte généralement l’action de la défense. Or on sait dans quelle situation perplexe se trouvèrent les Alliés à la suite de la dispersion qui résulta pour eux de la réussite de cette manœuvre. La victoire de la Katzbach put seule les tirer de cet extrême danger, car à la nouvelle de la défaite de Mac-