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la défensive.

ter l’issue, il est toujours possible, et par conséquent toujours à craindre, que réunissant en dernière instance tous ses efforts pour obtenir lui-même ces résultats tactiques partiels, l’attaquant n’y réussisse et ne parvienne ainsi à renverser toute la combinaison stratégique du défenseur. On ne saurait donc, par suite, tenir celle-ci pour une grandeur indépendante, et l’on doit se rendre compte qu’elle n’a de valeur que lorsque, par un motif ou par un autre, la défense peut d’avance être parfaitement tranquille au sujet des résultats tactiques.

Nous allons évoquer les figures historiques de Bonaparte et de Daun et exposer brièvement notre pensée à cet égard. Le premier a toujours marché droit au but sans se préoccuper en rien du plan stratégique de l’ennemi. Sachant que tout dépend des résultats tactiques et ne doutant jamais de les obtenir, il a sans cesse et partout recherché les occasions de combattre.

Aussi voyons-nous que sur tous les champs de bataille où la stratégie de ses adversaires n’est pas parvenue à opposer à Bonaparte une extrême supériorité de puissance, et à plus forte raison partout où elle a osé s’engager avec lui dans des conditions inférieures, elle a toujours été rompue comme une toile d’araignée. Daun, au contraire, n’a jamais su tirer parti des circonstances de combat les plus favorables et s’est toujours laissé arrêter par les combinaisons les plus audacieuses de ses adversaires. C’est là ce qui explique comment, pendant la guerre de Sept Ans, l’armée prussienne a pu maintes fois offrir le combat à Daun dans des conditions où il y eût eu folie manifeste à s’engager avec un général tel que Bonaparte.

En résumé, nous posons en axiome que les combinaisons stratégiques doivent sans cesse tendre aux résul-