Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
chap. viii. — procédés de résistance.

de Torres-Vedras prouve que la règle présente des exceptions.

Recherchons maintenant comment la solution peut se produire. L’esprit est tout d’abord porté à se la représenter sous la forme d’une bataille générale, mais à la vérité cela n’est pas indispensable, et elle peut aussi être le résultat de la combinaison d’une série de combats isolés, soit que ceux-ci se résolvent réellement par les armes à l’avantage de la défense, soit même que l’excellence des mesures stratégiques qui les rendent possibles inspire de si grandes craintes à l’attaque sur leur issue tactique probable, que, loin de les accepter, elle se retire d’elle-même et renonce ainsi à l’exécution de ses projets.

Sur un théâtre de guerre il ne peut pas y avoir d’autre solution ; cela ressort de toute nécessité du point de vue auquel nous nous sommes placé dans cette étude de la guerre. Alors même que l’ennemi ne commencerait son mouvement de retraite qu’en raison de l’impossibilité de pourvoir à l’alimentation de ses troupes, ce n’en serait pas moins encore à la puissance de nos armes qu’il faudrait attribuer ce résultat, car sans notre présence il saurait bien se procurer tout ce qui lui est nécessaire.

Lorsque, arrivé à la fin de sa carrière agressive, succombant aux lourdes conditions de sa marche en avant, affaibli par les détachements et épuisé par les maladies et les privations, l’ennemi renonce enfin de lui-même à l’attaque, c’est toujours en dernière instance aux bonnes dispositions défensives, et par conséquent en principe à la crainte qu’inspirent à l’attaque les armes de la défense, qu’il convient d’attribuer ce résultat. Il faut reconnaître, cependant, que la solution est amenée par des moyens bien différents, selon qu’elle se produit à la frontière ou dans l’intérieur du pays.