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chap. viii. — procédés de résistance.

de sa marche en avant pour être hors d’état d’attaquer le gros de l’armée de la défense là où celle-ci jugera enfin devoir s’arrêter, il peut cependant se faire qu’en dernière instance il manque de la résolution nécessaire pour exécuter cette attaque. Cette résolution, en effet, exigera alors beaucoup plus d’énergie qu’à la frontière, tout d’abord parce que les troupes étant moins fraîches et plus disséminées les dangers de l’entreprise seront plus grands, puis parce que, à moins d’une force de volonté qui ne se rencontre pas toujours dans le commandement, la possession du pays sur lequel ils se sont avancés suffit souvent à l’ambition des généraux en chef, soit qu’ils croient réellement ou affectent alors de croire que désormais toute bataille est devenue inutile.

Il va de soi, cependant, que la défense ne tirera de cet abandon tardif des projets de l’attaque qu’un résultat négatif bien inférieur à celui que lui eût valu un succès remporté à la frontière, mais il en résultera néanmoins toujours pour elle un gain de temps considérable.

Nous croyons avoir ainsi démontré que les avantages de l’expectative grandissent avec chacun des quatre procédés défensifs. Or il en est exactement de même, comme progression, de l’appui que les places fortes et le concours des populations prêtent à la défense, et, dans le dernier procédé, c’est particulièrement à l’action de ces éléments réunis qu’il convient d’attribuer l’état d’épuisement auquel peut en arriver l’attaque.

Ces quatre procédés constituent donc bien réellement les degrés successifs de puissance que la défense peut atteindre. Nous sommes ainsi conduit à affirmer que plus la défense sera en mesure de retarder le moment de sa réaction, et plus celle-ci gagnera en vigueur et présentera de garanties de succès. En passant