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CHAPITRE V.

caractère de la défense stratégique.


Nous avons déjà dit de la forme défensive qu’elle était la plus forte des deux formes de la guerre, mais que, en raison de ce qu’exclusivement employée elle ne pouvait conduire qu’à un résultat négatif, il convenait de n’en faire usage qu’avec le projet arrêté d’avance de tirer aussitôt parti de la prépondérance qu’on pourra lui devoir, pour passer vigoureusement à l’attaque, et viser ainsi le but positif auquel la forme attaquante peut seule conduire.

Alors même que l’on ne prendrait les armes que pour le maintien du statu quo, c’est-à-dire sans aucune arrière-pensée de conquête ou de compensation et pour la défense seule de l’intégralité du territoire, le fait de s’en tenir uniquement à résister à l’envahisseur sans riposter à son attaque serait en quelque sorte en contradiction avec l’idée même de la guerre, car incontestablement ce ne serait pas faire la guerre, mais seulement la supporter. Dès que le défenseur s’est acquis un avantage important la défensive a momentanément fait son œuvre, et, sous la protection de ce premier avantage, le défenseur, s’il ne veut pas s’exposer à une perte certaine, doit aussitôt rendre le coup qu’il a reçu. Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud ; la pru-