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la défensive.

moyens offensifs plus accentués. On voit alors, au courant de la campagne, s’établir entre l’attaque et la défense une égalité de rapports telle, que désormais, de part et d’autre, on met toute son industrie à faire pencher la balance de son côté par l’obtention de quelque succès, ou du moins à la tenir égale en empêchant l’adversaire d’arriver lui-même à ce résultat. Telle est la cause des manœuvres stratégiques que l’on voit plus ou moins, mais toujours manifestement, caractériser les guerres dans lesquelles les relations sociales ou les vues politiques des gouvernements ne permettent pas de rechercher de grandes solutions.

Nous consacrerons, dans le livre de l’offensive, un chapitre spécial aux manœuvres stratégiques, mais comme, dans la théorie de la défensive, on a fréquemment attribué une fausse importance à l’équilibre qui s’établit ainsi entre les forces effectivement agissantes des deux adversaires, nous nous voyons dès aujourd’hui contraint d’entrer dans la discussion approfondie du sujet.

Nous allons parler ici de ce que nous nommerons le jeu de péréquation des forces. Nous avons déjà reconnu qu’il en est des centres de gravité par rapport aux masses, comme des centres de forces par rapport aux armées. Tant que les premiers ne sont pas déplacés les secondes restent en équilibre. Or, lorsque des deux adversaires en présence aucun ne recherche de grande solution, les centres de forces respectifs restent inactifs, et, dès lors, les deux armées, quelle que soit d’ailleurs l’inégalité réelle de leurs effectifs, doivent être considérées comme restant en équilibre. Or, c’est précisément de cet équilibre persistant de l’ensemble, de l’absence de recherche de grande solution qu’il confirme, et de la diminution des dangers et des risques qui en est la conséquence que naissent, de part et d’autre, les motifs