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ch. xxx. — défense sans recherche de solution.

peut tirer des positions qu’il occupe. Grâce à elles, lorsque la supériorité de ses propres lignes de communications, la nature de la contrée et la qualité de ses troupes l’y invitent particulièrement, il peut encore recourir à l’action offensive progressive d’une partie de ses forces contre les lignes de communications de l’attaque.

Les incursions et les pointes sur le territoire ennemi constituent un moyen offensif quand il ne s’agit que d’exercer des représailles ou de rançonner le pays, et défensif lorsque l’on cherche, par là, à amener une diversion, c’est-à-dire à forcer l’adversaire à se fractionner et, par conséquent, à affaiblir le gros de ses forces. Mais, en somme, cette manière de procéder n’est pas moins à la disposition de l’attaque qu’à celle de la défense, et nous ne la mentionnons ici qu’afin de n’omettre aucun des instruments offensifs auxquels on peut recourir dans la défense d’un théâtre de guerre. Nous ferons remarquer, cependant, que ce moyen peut prendre une importance et un développement tels dans son application par le défenseur, que l’action de celui-ci en reçoive l’apparence formelle de l’offensive. Cette particularité a caractérisé les entreprises de Frédéric le Grand en Pologne, en Bohème et en Franconie, au début de la campagne de 1759. Toute défensive que fût cette campagne, en principe, les incursions du Roi sur le territoire ennemi lui imprimèrent un cachet offensif dont l’influence morale n’a sans doute pas été sans valeur réelle sur les résultats.

L’attaque des corps ou du gros de l’armée ennemie ne doit se produire que lorsque l’envahisseur en prend trop à son aise et y prête particulièrement le flanc sur des points isolés. Dans ces conditions, l’offensive devient le complément indispensable de l’action de la défense, et celle-ci doit, dès lors, comme tout à l’heure au sujet des lignes de communications, mettre toute son industrie à trouver l’occasion de frapper un coup avantageux.