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ch. xxx. — défense sans recherche de solution.

une victoire ne puisse généralement porter grand préjudice à la défense, comme on ne saurait prévoir, en somme, ce que le hasard peut encore en faire sortir, le défenseur, afin de ne pas se laisser ainsi surprendre par son adversaire, doit sans cesse avoir l’œil ouvert sur la situation et les rapports de chacun de ses corps et postes principaux.

Il convient en cela de laisser une grande liberté à l’appréciation des commandants de détachements, c’est-à-dire de ne pas enrayer leur action par des prescriptions trop positives, ce qui a maintes fois causé de véritables catastrophes, telles par exemple que celles qu’éprouvèrent les corps de Fouqué et de Fink à Landshut et à Maxen.

Dans l’un comme dans l’autre cas, comptant trop sur la force des préjugés, le grand Frédéric a mal apprécié les intentions de ses adversaires. En laissant les 10 000 hommes de Fouqué à Landshut, il savait certainement qu’il les exposait à succomber sous les efforts des 30 000 hommes de Laudon, mais il espérait, comme cela s’était déjà présenté plusieurs fois, que la force de la position en imposerait à l’attaquant, et que celui-ci n’oserait pas s’y risquer. De même, en portant Fink sur Maxen, le Roi n’ignorait pas que ce général courait le risque d’être écrasé par la supériorité numérique de l’ennemi qui, de tous côtés, allait avoir accès sur lui, mais il pensait inquiéter Daun pour son flanc, et le contraindre ainsi à abandonner la Saxe et à se retirer en Bohême.

Ce sont là, d’ailleurs, des erreurs dans lesquelles sont souvent tombés des généraux moins entreprenants et moins audacieux que Frédéric le Grand ne l’a été dans maintes circonstances.

Bien que le général en chef doive prendre grand soin de ne pas paralyser l’action de ses commandants