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ch. xxx. — défense sans recherche de solution.


deuxième contre-moyen.


Couvrir le pays tout entier en répartissant l’armée sur une longue ligne de positions n’est réalisable que lorsque le terrain présente des obstacles considérables. Les postes dont la chaîne constitue alors la ligne de défense ne sont susceptibles d’une certaine résistance que sur de fortes positions, et, comme il est rare que le nombre des obstacles naturels suffise à cet objet, on y supplée en construisant des ouvrages de fortification passagère. Il ne faut pas perdre de vue, cependant, que la force de résistance que l’on acquiert ainsi sur un point ne doit être considérée que comme relative. Il peut arriver, sans doute, que tel ou tel de ces postes résiste à tous les efforts de l’ennemi, et produise ainsi un résultat intrinsèquement absolu ; mais, en somme, le grand nombre des postes fait que chacun d’eux, faible dans son isolement, est exposé à l’attaque possible de forces très supérieures. Il serait donc déraisonnable de fonder tout son espoir sur la résistance d’un chacun des éléments de la chaîne défensive. On ne peut et ne doit, par conséquent, se proposer d’autre objet en formant l’armée sur une ligne de positions aussi étendue, que de la mettre en situation d’opposer une résistance relativement longue. Or la force intrinsèque des postes isolés suffit ici au but cherché. Dans les campagnes exemptes de recherche de solution, quand, de part et d’autre, l’action ne tend pas sans trêve ni merci à l’anéantissement de l’adversaire, les combats de postes présentent moins de dangers, lors même qu’ils aboutissent à la perte d’un ou de plusieurs des anneaux de la chaîne défensive. Ce sont là des succès de peu de portée pour l’attaque, et qui ne laissent entre ses mains que quelques trophées sans grande valeur. Au pis aller,