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ch. xxx. — défense sans recherche de solution.

perdre de vue qu’une place forte est toujours plus ou moins en danger de ne pouvoir résister à un coup de main ou d’être prise par des procédés irréguliers.

Tout bien considéré, nous trouvons donc naturel que le défenseur, préférant la grande probabilité de n’avoir pas à combattre à l’avantage même de combattre dans des conditions plus favorables, prenne généralement position en avant d’une place forte avec ses troupes en campagne. C’est ainsi qu’à presque toujours agi le grand Frédéric, à Glogau contre les Russes, et à Schweidnitz, Neisse et Dresde contre les Autrichiens.

Il est vrai qu’à Breslau cette disposition fut fatale au duc de Bevern, tandis que, derrière la place, il eût été inattaquable. Mais ici l’exception confirme la règle, car, au moment où la bataille se livra, les Autrichiens avaient la supériorité numérique, avantage que l’arrivée du Roi, en marche sur Breslau, allait prochainement leur enlever. Il était donc naturel qu’ils recherchassent une prompte solution, et c’était la leur offrir que de se placer ainsi. Mais, d’un autre côté, la place étant le centre des approvisionnements de l’armée, ne pas la couvrir eût été l’exposer à un bombardement désastreux dont le Roi, qui n’était rien moins qu’indulgent, n’eût pas manqué de rendre son lieutenant responsable. Ayant ainsi à choisir entre deux dangers, le duc de Bevern préféra courir les chances d’une bataille, et prit une position retranchée en avant de Breslau. On ne saurait, en somme, désapprouver cette détermination, car il pouvait encore fort bien arriver que le prince Charles de Lorraine, menacé par la marche en avant du Roi et se contentant de la prise récente de Schweidnitz, renonçât à s’avancer davantage. Le mieux eût été, cependant, après avoir ainsi pris position en avant de Breslau, de refuser la bataille au moment où les Autrichiens se portèrent à l’attaque, et de se retirer alors