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la défensive.

procédé, c’est tout justifier par les résultats, et, par conséquent, faire de la sotte critique.

En somme, les circonstances exposées en A et B ne se présentent que très exceptionnellement, et, avant de placer ses troupes dans un camp retranché, la défense doit mûrement peser le pour et le contre. C’est un expédient qui ne produit que rarement de bons effets. Si, d’un côté, on peut espérer en imposer à l’attaque et enrayer toute son action en agissant ainsi, on s’expose, de l’autre, à l’extrême danger d’avoir à combattre sans retraite possible. Si Frédéric le Grand recourut à ce procédé à Bunzelwitz, c’est qu’il avait reconnu toute l’irrésolution du caractère de ses adversaires et que, fort de l’irresponsabilité que lui donnait la puissance souveraine et confiant dans sa grande expérience de la guerre, il comptait sur les expédients suprêmes que son génie lui eût inspirés, en cas d’insuccès, pour frayer une retraite à son armée vaincue.

4o On recourt au dernier mode de résistance, c’est-à-dire à la retraite volontaire dans l’intérieur du pays, dans les trois circonstances suivantes :

A. Lorsque, en raison de la puissance initiale de l’attaque, la défense est hors d’état de lui opposer une résistance heureuse à la frontière même ou dans le voisinage de la frontière.

B. Lorsqu’il s’agit avant tout de gagner du temps.

C. Lorsque, ainsi que nous l’avons exposé dans le chapitre XXV de ce livre, la nature et les dimensions du pays favorisent cette manière de procéder.

Il nous reste enfin à fixer un dernier mais important côté de la question, en disant que, lorsqu’on fait l’application de l’un des trois premiers de ces modes de résistance et que l’on possède une ou