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la défensive.

direction étaient praticables, autant il devint impossible d’y avoir recours quand les Français eurent fait choix de la route passant par Hof. Il eût, en effet, fallu deux ou trois journées de marche pour se porter sur cette route en avant de la direction de l’ennemi, et on eût eu, en outre, à opérer le passage du lit profondément encaissé de la Saale. Par les mêmes motifs, on ne pouvait davantage songer à prendre l’offensive en se jetant, d’une position ainsi située sur la rive gauche de la rivière, dans le flanc de l’invasion déjà maîtresse d’une partie de la rive droite. Aussi le duc de Brunswick résolut-il d’attendre les événements derrière la Saale.

Sans faire l’étude critique de cette décision, voyons, du moins, les moyens d’action qu’elle laissait au défenseur.

A. Si Bonaparte, voulant joindre l’armée prussienne, cherchait à passer le cours d’eau, on pouvait l’attaquer pendant cette opération délicate, et, dans ce cas, la profondeur et l’importance de la vallée de la Saale promettaient une supériorité stratégique et tactique considérable à la défense.

B. Si, au contraire, l’ennemi continuait à se prolonger par la rive droite, on pouvait agir sur ses lignes de communications, ce qui, en raison de l’étroitesse de la base d’opérations de l’attaque, resserrée entre la Saale et la Bohême neutre, donnait encore la supériorité stratégique à la défense.

C. Enfin, profitant de ce qu’elle était couverte par la rivière, l’armée prussienne pouvait, par une marche de flanc rapide, devancer l’ennemi vers Leipzig.

Le 13 octobre, après de longues hésitations, le duc de Brunswick adopta enfin le dernier de ces procédés. Mais il n’était plus temps ; Bonaparte avait déjà com-