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chap. xxviii. — défense d’un théâtre de guerre.

routes l’attaque s’avancera, et particulièrement sur laquelle de ces routes elle dirigera le gros de ses forces, il se préparera tout d’abord selon ces données.

Or, dans tous les États, les choses sont bien plutôt disposées d’avance dans le sens de la défense que dans celui de l’attaque, et l’on ne peut, par suite, effectuer une invasion qu’avec des forces considérables, ce qui exige, au préalable, de grands rassemblements en vivres, fourrages et objets d’approvisionnement et de remplacement. Ces préparatifs demandent beaucoup de temps, ce qui laisse à la défense le loisir de parfaire ou de modifier ses dispositions selon les circonstances.

Il peut cependant arriver, bien que les choses se présentent généralement ainsi, que le défenseur reste dans l’incertitude de la ligne principale de pénétration de l’attaque. C’est fréquemment le cas quand la défense repose sur des dispositions qui exigent elles-mêmes un temps considérable, telles par exemple que l’établissement d’une position forte. Alors même, d’ailleurs, que le défenseur se serait placé sur la véritable direction de l’attaquant, celui-ci pourrait encore, sauf le cas où précisément pour l’en empêcher on se porterait offensivement à sa rencontre, infléchir quelque peu cette direction de manière à négliger la position et à passer outre. Dans les contrées cultivées de l’Europe, en effet, on ne saurait guère trouver de positions qu’il ne soit possible d’éviter en se prolongeant sur leurs flancs par les routes qui les avoisinent. En pareille occurrence, la position prise en vue d’une bataille défensive perdrait aussitôt toute signification à ce point de vue. Voyons s’il y a probabilité que cette situation se présente.

Il va de soi que, de tous les objets dont se compose un État ou, pour ne pas sortir de notre sujet, dont se compose un théâtre de guerre, il en est certains qui, de