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chap. xxv. — retraite dans l’intérieur du pays.

était déjà presque impossible, d’ailleurs, lors même qu’on l’eût trouvé opportun, de faire parvenir ces 30 000 hommes en temps utile au gros de l’armée russe. Tous ces motifs se réunissent pour justifier la décision à laquelle on s’arrêta de laisser ce corps d’armée combattre en Volhynie pour son propre compte. Rien, par contre, n’eût justifié l’adoption du plan proposé par le général Phul au début de la campagne, plan d’après lequel l’armée de Barclay, forte de 80 000 combattants, eût dû se retirer sur Dryssa, tandis qu’un corps de 40 000 hommes, sous les ordres de Bagration, fût resté sur le flanc droit des Français pour se jeter ensuite sur leurs derrières. On se rend compte au premier coup d’œil, en effet, qu’un corps de cet effectif, ainsi livré à lui-même sur les derrières et à une telle proximité de l’armée française, bien loin de se pouvoir maintenir dans la Lithuanie méridionale, y eût infailliblement succombé sous les masses écrasantes de l’ennemi.


Il va de soi que l’intérêt de la défense est de n’abandonner à l’invasion que le plus petit nombre possible de provinces, et que les difficultés de l’attaque augmentent en raison de l’exiguïté, ou mieux, du manque de largeur du théâtre de guerre auquel on restreint son action. Ces avantages, néanmoins, ne sont que secondaires, et restent tout d’abord subordonnés à la condition que, en procédant ainsi, la défense conserve la probabilité du succès et ne réduise pas trop le gros de ses forces. C’est de préférence dans la réalisation de cette condition que la défense doit, en effet, chercher la solution suprême, car ce seront surtout les embarras auxquels se heurtera sans cesse le gros de l’armée envahissante, qui amèneront chez celle-ci une si grande consommation de forces physiques et morales que, épui-