Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.
276
la défensive.

la retraite. Il peut arriver, cependant, que l’on ait recours à cette forme comme moyen préparatoire à une manœuvre contre la ligne de retraite de l’attaque, mais alors la question rentre dans le sujet que nous avons traite au chapitre précédent.

En somme, la forme divergente de la retraite ne peut être justifiée que par un seul but, celui de couvrir des provinces que l’ennemi envahirait sans cela.

Les points où l’envahisseur masse ses troupes, la direction qu’il leur donne et la situation de ses provinces et de ses places fortes par rapport à celles de la défense permettent assez facilement, en général, de prévoir quelles sont les portions de territoire qu’il occupera sur les deux côtés de sa ligne d’opérations. Ce serait, pour la défense, une dissipation dangereuse de ses forces que de garnir de troupes des provinces que l’attaque épargnera vraisemblablement. Il est déjà difficile de juger d’avance si l’on sera en état, en y prenant position, de défendre les provinces mêmes qu’il est probable que l’ennemi voudra occuper, et cette appréciation demande beaucoup de tact.

Au début de leur retraite, en 1812, les Russes laissèrent 30 000 hommes en Volhynie sous les ordres de Tormassow pour les opposer au contingent autrichien qui devait envahir cette province. L’espoir que les Russes nourrissaient de rester ainsi maîtres de ce côté de leur frontière, ou du moins de pouvoir s’en maintenir à proximité, était basé sur l’étendue même de la province, sur les difficultés multiples que le terrain y opposerait à l’attaque, et sur cette considération que les forces en présence y seraient sensiblement égales. En se maintenant en Volhynie les Russes pouvaient espérer, en outre, qu’il en résulterait pour eux, au courant de la campagne, de très importants avantages dont nous n’avons pas à faire ici la recherche. Il