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chap. xxv. — retraite dans l’intérieur du pays.

oublier que la première condition, pour que ce système soit judicieusement applicable, est que, dans l’abandon successif de ses positions, la défense reste assez formidable, et par conséquent dans un état de concentration assez puissant, pour ne jamais agir que volontairement et sans courir le risque d’être dispersée par l’attaque.

3o  L’un des buts de la défense, dans sa retraite volontaire, est de faciliter la réunion au gros de son armée de tous les renforts qu’elle doit recevoir successivement, et d’arriver, par ce moyen ainsi que par la diminution constante et inévitable de l’effectif de l’attaque, à une supériorité numérique qui lui assure enfin une victoire définitive. Or, dans une retraite divergente, la dissémination des troupes de la défense rend ce résultat très peu certain.

4o  Une retraite divergente ne permet au défenseur que des retours offensifs convergents. Or nous savons que l’action convergente ne convient généralement pas à l’adversaire le plus faible.

5o  Enfin, dans une retraite divergente, la dissémination des forces de la défense atténue précisément une partie des côtés faibles de l’action de l’attaque. Le plus marquant des désavantages de celle-ci dans sa marche en avant est, en effet, l’allongement de ses lignes de communications et, par suite, la faiblesse de ses flancs stratégiques. Or, dès que la retraite devient divergente, elle oblige l’agresseur à déployer, face aux côtés, une partie de ses troupes qui, jusque-là, n’avaient d’autre mission que de neutraliser les forces correspondantes de la défense, et, dès lors, ces troupes se trouvent accessoirement couvrir une portion des lignes de communications de l’attaque.

Nous croyons avoir ainsi démontré combien la forme divergente est défavorable à l’action stratégique de