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la défensive.

plus particulièrement la retraite volontaire du défenseur dans l’intérieur du pays. Nous ne nous étendrons cependant pas ici à ce sujet, nous réservant d’en faire l’objet du chapitre suivant.

Nous avons parlé jusqu’ici des avantages que présente ce procédé défensif, des sacrifices qu’il impose et des conditions qui le doivent accompagner. Nous allons maintenant dire comment il convient de l’appliquer.

Quelle est, tout d’abord, la direction à donner à la ligne de retraite ?

En raison même de ce qu’elle doit se produire dans l’intérieur du pays, la direction de notre retraite doit, le plus que faire se peut, amener l’ennemi sur un point où il se trouvera de tous côtés enserré par nos provinces et exposé à leur action. Nous éviterons ainsi, en outre, le danger d’être écartés de la masse principale de notre territoire, éventualité qui pourrait naître d’une ligne de retraite conduisant trop près de la frontière. Les Russes se seraient trouvés dans cette situation en 1812, s’ils s’étaient dirigés vers le sud au lieu de se retirer vers l’est.

Cette condition résulte du but que l’on se propose, elle fait corps avec lui. Quant à la fixation du point même qu’il convient le mieux de donner à la direction de la retraite, et dans quelle mesure on peut concilier le choix de ce point avec l’intention de couvrir directement la capitale ou tout autre objet important et d’en détourner l’ennemi, ce sont là deux questions dont la solution dépend uniquement des circonstances.

Si la retraite des Russes, en 1812, eût été l’exécution d’un plan réfléchi, mûrement combiné et régulièrement établi, ils eussent très opportunément pu, une fois arrivés à Smolensk, prendre la direction de Kalouga, ce qui eût très vraisemblablement préservé Moscou de