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chap. xxiv. — actions sur les flancs.

daires, ainsi qu’à des fautes tactiques, qu’il convient d’attribuer la défaite des Alliés à Dresde. Dans cette bataille, en effet, ils furent en situation d’opposer 220 000 hommes aux 130 000 combattants de l’armée française, ce qui ne laissait certainement rien à désirer. À Leipzig, où ils furent vainqueurs, ils disposaient d’une moins grande supériorité numérique, soit 285 000 combattants contre 157 000. On peut dire, il est vrai, que Bonaparte, pour le système particulier qu’il avait adopté d’une ligne de défense unique, avait trop uniformément partagé ses troupes (70 000 hommes contre 90 000 en Silésie et 70 000 contre 110 000 dans la Marche), mais, quelqu’autre disposition qu’il eût prise, il lui eût été difficile, à moins d’abandonner complètement la Silésie, de réunir sur l’Elbe des forces suffisantes pour écraser l’armée principale des Alliés dans une bataille décisive. Ceux-ci eussent pu, d’ailleurs, porter l’armée de Wrede sur le Rhin, et tenter ainsi de couper Bonaparte de la route de Mayence.

Enfin, en 1812, les Russes se trouvèrent en situation de porter leur armée de Moldavie en Volhynie et en Lithuanie, pour la jeter plus tard sur les derrières du gros de l’armée française, parce qu’il était absolument certain que Moscou serait le point limite extrême de la ligne d’opérations des Français. Les provinces situées au delà de Moscou n’ayant, dès lors, rien à craindre, la principale armée russe n’avait, en effet, aucun motif de considérer ses forces comme insuffisantes.

La même forme se retrouve, quant à la disposition des forces, dans le plan de défense du général Puhl. D’après ce plan, l’armée de Barclay devait occuper le camp de Dryssa tandis que celle de Bagration se serait portée sur les derrières du gros de l’armée envahissante ; mais quelle différence entre les deux époques ! Dans la première, les Français étaient trois

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