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la défensive.

Ce sont là des conditions qui, lorsque l’on ne se sent pas assez fort pour risquer une action générale, sont particulièrement propres à amener des résultats moins décisifs et moins brillants, il est vrai, mais plus certains et moins dangereux.

Comme, ainsi que nous venons de le dire, on n’a en pareille circonstance que fort peu à redouter une contre-attaque sur ses derrières, on n’a pas à craindre de les découvrir en prenant une position de flanc, ce qui a pour conséquence immédiate de forcer l’ennemi à incliner son ordre de bataille et à exposer encore davantage sa ligne de communications. La première des deux conditions capitales, dont nous avons dit que l’une au moins était indispensable aux actions de flanc sur les lignes de communications, se réunira donc ici à la seconde. Plus il se présentera alors de conditions secondaires favorables, et plus on sera en droit de compter sur un résultat heureux, mais moins nombreuses elles seront et plus le résultat dépendra de l’habileté des combinaisons ainsi que de la précision et de la rapidité de l’exécution.

C’est là le véritable terrain des manœuvres stratégiques dont on trouve de si nombreux exemples dans la guerre de Sept Ans en Silésie et en Saxe, et dans les campagnes de 1760 et 1762. Il est certain que cette manière de procéder se rencontre fréquemment aussi dans les guerres de puissance élémentaire médiocre, sans que ce soit généralement alors au fait que l’armée envahissante ait atteint son point extrême de pénétration qu’il convienne de l’attribuer, mais bien à la crainte de responsabilité et au manque de résolution d’énergie et d’esprit d’entreprise du général qui a le commandement de cette armée. Nous n’avons qu’à citer le feld-maréchal Daun pour donner un exemple à ce sujet.