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la défensive.

de même des bandes qui tournent une armée dont le front est perpendiculaire à ses communications ; elles se trouvent près de l’ennemi, livrées à elles-mêmes, et sans aucun espoir d’appui de la part des leurs. Dans ces conditions, les corps de partisans sont exposés à de grandes pertes ; l’instrument s’émousse et devient bientôt sans valeur. En effet, le premier échec subi par un détachement isolé fait perdre confiance à tous les autres, et, comme conclusion, on voit les partisans, sur lesquels on comptait pour harceler et fatiguer l’ennemi, n’avancer qu’à contre-cœur, et s’enfuir à toute occasion.

C’est ainsi qu’une armée placée perpendiculairement à ses lignes de communications se trouve couvrir, selon la force de son effectif, les points de ces lignes situés à deux ou trois journées de marche sur ses derrières. Or ce sont précisément ces points voisins de l’armée qui sont le plus menacés parce qu’ils sont aussi moins éloignés de l’armée ennemie.

Il n’en est plus de même lorsque la formation d’une armée est oblique à ses communications. Dès lors le moindre effort, la tentative la moins hasardée de la part de l’ennemi le porte sur un point sensible.

Mais, demandera-t-on, qu’est-ce qui détermine, qu’est-ce qui impose la direction d’une ligne de bataille lorsqu’elle n’est pas perpendiculaire à la ligne de communications ? C’est évidemment le front de l’adversaire, répondrons-nous, mais en faisant observer que l’effet est forcément réciproque, c’est-à-dire que, des deux adversaires, il y en a toujours un dont la direction du front impose la direction du front de l’autre. Il se présente donc ici une influence mutuelle dont nous devons rechercher le point de départ.

Supposons la ligne de communications BA de l’attaquant située de telle façon, par rapport à la ligne de