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chap. xxiv. — actions sur les flancs.

d’une armée soit ou non perpendiculaire à sa ligne de communications, et cela parce que le front d’une armée n’occupe qu’une étendue de terrain insignifiante en comparaison de la longueur de la ligne de communications à l’extrémité de laquelle elle est établie. Ce serait commettre une grande erreur, et la vérité est que, lorsque le front d’une armée est perpendiculaire à sa ligne de communications, toute entreprise pour couper cette dernière reste difficile même aux nombreux corps de partisans d’un adversaire numériquement très supérieur. Mais ce qui est vrai ne paraît pas toujours vraisemblable, et si l’on ne pense qu’à la difficulté de couvrir, dans le sens absolu du mot, un espace de terrain considérable, on sera plutôt porté à penser que, bien qu’elle soit établie perpendiculairement à sa ligne de communications, une armée a toujours grand’peine à protéger ses derrières, c’est-à-dire la contrée placée en arrière d’elle, contre tous les détachements qu’un ennemi supérieur en nombre y peut envoyer. Il en serait ainsi sans doute, si l’on pouvait, à la guerre comme sur un plan, embrasser tout d’un coup d’œil ; alors, en effet, les partisans ayant l’initiative verraient seuls clair, tandis que les troupes couvrantes resteraient dans l’indécision, ne sachant jamais sur quels points la ligne va être attaquée. Mais si l’on tient compte de l’insuffisance et de l’incertitude de toutes les nouvelles que l’on reçoit à la guerre et de ce fait que, des deux côtés, on ne marche jamais pour ainsi dire qu’à tâtons, on voit bien vite qu’un corps de partisans chargé d’opérer sur les flancs et sur les derrières d’une armée ennemie se trouve dans la situation d’un malfaiteur qui n’a d’autre ressource que d’agir promptement s’il veut échapper aux nombreux habitants de la maison dans laquelle il s’est subrepticement introduit. S’il s’attarde il est inévitablement perdu. Il en est