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la défensive.

a. — Il ne peut plus être question, tout d’abord, de prendre l’ennemi entre deux feux, les fusils et les canons même n’ont pas assez de portée pour cela.
b. — En raison des grands espaces sur lesquels opère la stratégie, les mouvements enveloppants restent exclusivement à la disposition de celui des deux adversaires qui a l’initiative, c’est-à-dire à la disposition de l’attaquant. Ici, en effet, le défenseur ne peut plus, comme dans la tactique, établir ses masses assez à couvert et donner à leur formation une assez grande profondeur pour rester en situation de répondre à un mouvement tournant par un mouvement tournant plus étendu encore. Cela constituerait donc un grand désavantage pour la défense si les espaces se laissaient fermer dans la stratégie comme dans la tactique ; mais il n’en est pas ainsi, et les mouvements tournants de l’attaque ne parviennent, en somme, que bien rarement à menacer les lignes de communications et de retraite de la défense.
c. — L’action des lignes intérieures, c’est-à-dire des lignes plus courtes sur lesquelles opère la défense, est d’ailleurs bien autrement effective dans la stratégie que dans la tactique, ce qui constitue pour la défense un puissant contre-poids à l’aptitude spéciale de son adversaire aux mouvements enveloppants et tournants.
d. — Lorsque, au courant d’une campagne qui se prolonge, arrive le moment psychologique où l’assaillant, hors d’état de continuer à se porter en avant, est obligé d’adopter la forme défensive, le mode d’action de son adversaire se transforme