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la défensive.

le prince eût éprouvé un insuccès sérieux sur cet échiquier fragile, on n’eût pas dû en rendre responsable le système suivi par lui, mais bien déduire de sa défaite que, ayant mal choisi les moyens, il les avait appliqués là où ils ne convenaient pas.

Ayant ainsi cherché à expliquer et à faire comprendre comment la défense d’un théâtre de guerre par le gros de l’armée peut en arriver à s’effectuer par le système dit de cordon, et dans quelles conditions ce système, loin d’être absurde, est judicieux et peut être utilement appliqué, nous devons confesser que l’on rencontre dans l’histoire des circonstances, telles par exemple que la défense des Vosges par les armées prussienne et autrichienne en 1793 et 1794, dans lesquelles les généraux en chef ou leurs états-majors, s’exagérant la portée réelle du système et lui accordant une efficacité beaucoup trop générale, l’ont tenu comme absolument propre à neutraliser tous les efforts de l’attaque, et ont ainsi donné témoignage de l’ignorance absolue des règles qui régissent le sujet.