Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
chap. iii. — attaque et défense stratégiques.

fenseur conserve désormais toutes ses forces réunies, et pour ne pas risquer de se voir menacer dans ses moyens de retraite par un ennemi généralement supérieur en nombre ou plus promptement mobilisé, loin de se porter à la rencontre de l’attaque, il reste tout d’abord immobile sur le terrain qu’il s’est choisi et sur lequel, dans la majorité des cas, il peut compter que l’assaillant lui fera l’honneur de le venir chercher. Il arrive cependant parfois que l’attaque, prenant une autre direction, se jette sur une route inoccupée pour se porter, soit sur quelque grand magasin ou sur un dépôt, soit sur une forteresse encore exposée à un coup de main, soit enfin sur la capitale même de l’État. Mais en pareil cas, pour peu que la défense ait judicieusement choisi son premier point de formation et grâce à la facilité relative avec laquelle elle peut changer son système de retraite et de communications, elle sera toujours en mesure, après quelques jours d’attente et lorsqu’elle aura ainsi pénétré les intentions de l’ennemi, de se porter en masse sur la route que celui-ci aura préférée et de la lui barrer. La défense stratégique bien conduite n’a donc jamais besoin de disséminer ses forces, tandis que l’attaque, en raison de la difficulté de pourvoir à l’alimentation de ses troupes pendant leur marche en avant, peut à peine éviter de les répartir sur des voies différentes. La défense est donc seule en situation de pouvoir parfois se porter avec la totalité de ses forces sur les fractions isolées de celles de l’ennemi.

Stratégiquement parlant, attaquer de flanc ou de revers c’est porter l’attaque sur les côtés ou sur les derrières du théâtre de guerre. Il en résulte que dans la stratégie les attaques de plusieurs côtés présentent un caractère tout différent de celui qu’elles ont dans la tactique. En effet :

ii. 2