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la défensive.

troupes mercenaires, et commandées par des étrangers infidèles ou par des nationaux incapables. C’est ainsi que, en peu de temps et à l’exception de Groningue seule, toutes les forteresses brandebourgeoises que les Hollandais tenaient sur le Rhin, de même que toutes les places fortes situées à l’est de la ligne de défense ci-dessus mentionnée, tombèrent aux mains des Français. Or c’est à la conquête seule de ce grand nombre de forteresses que se réduisit, à peu de chose près, toute l’activité des 150 000 hommes dont se composait l’armée envahissante.

Mais, lorsque, à la suite du meurtre des frères de Witt en août 1672, le prince d’Orange arriva au pouvoir, il apporta tant d’entente et d’unité dans les dispositions militaires, qu’on parvint à fermer complètement la ligne de défense, et que ni Condé ni Luxembourg, auxquels était resté le commandement des troupes françaises laissées en Hollande après le départ des deux armées de Turenne et de Louis XIV, n’osèrent désormais rien entreprendre contre les postes isolés.

En 1787 la situation se présenta tout autre.

En 1672, en effet, les sept provinces unies avaient eu à résister ensemble à l’attaque, tandis que, en 1787, celle-ci tourna à peu près tous ses efforts contre la province de Hollande seule. Dès lors il ne s’agit plus de défendre la généralité des places fortes mais uniquement la ligne défensive ci-dessus mentionnée. De son côté, l’attaque ne se présentait plus avec 150 000 hommes conduits par le puissant souverain d’un grand empire voisin ; elle ne comptait que 25 000 soldats commandés par le lieutenant délégué d’un prince éloigné, et, sous bien des rapports, paralysé dans ses moyens par le manque d’indépendance. Enfin si, comme dans le pays entier d’ailleurs, deux partis politiques se partageaient la population, c’était le parti républicain qui, sans conteste,