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la défensive.

Il est certain que la défense pourra toujours, au moyen de ses places fortes, empêcher toute navigation depuis la frontière ; mais, à partir de ce point, les transports n’en continueront pas moins pour l’ennemi sur tout le cours supérieur ou inférieur du fleuve. Si, cependant, on réfléchit que beaucoup de cours d’eau ne sont pas encore navigables lors même que, par leur largeur, ils prennent déjà une certaine importance militaire, que d’autres ne le sont que par portions ou seulement pendant une partie de l’année, que la navigation est très lente et souvent très difficile en remontant, que le cours tourmenté de bien des fleuves allonge parfois la route de plus du double, que les principales routes de communication internationale sont aujourd’hui d’excellentes chaussées, que l’usage est maintenant de se procurer la plus grande partie des approvisionnements nécessaires sur le pays occupé ou dans les provinces voisines, et, enfin, qu’on n’a plus qu’exceptionnellement recours au service des transports lointains, on se rend facilement compte que la navigation fluviale ne joue plus, à beaucoup près, le rôle important que lui attribuent généralement les écrivains militaires, et que son influence sur les événements d’une campagne est très indirecte et très incertaine.