Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
chap. xviii. — défense des rivières.

donc que, à moins d’être numériquement assez fort pour en agir avec le cours d’eau et le pouvoir défendre comme on le ferait du fossé d’une place forte, circonstance qui n’exigerait dès lors aucune règle particulière, cette manière de défendre la rive même manquerait nécessairement le but qu’on en attendrait.

Ayant ainsi fixé les principes fonciers de la formation générale des troupes de la défense, nous devons encore nous occuper :

1o  Des circonstances particulières que présente le cours d’eau ;

2o  De l’enlèvement ou de la destruction de tous les moyens auxiliaires de passage dont l’ennemi pourrait tirer parti ;

3o  De l’influence que peuvent exercer les places fortes situées sur le cours d’eau.

À moins que d’autres circonstances ne s’opposent déjà à ce que l’ennemi puisse effectuer son passage au delà des extrémités d’une ligne de défense fluviale, celle-ci doit, condition sine qua non, s’appuyer, en aval aussi bien qu’en amont, à des points intournables, tels par exemple que la mer ou un territoire neutre. Or, des conditions semblables ou de pareils points d’appui ne se rencontrant que sur des espaces considérables, on voit tout d’abord que la défense des cours d’eau ne peut se réaliser que sur des lignes très étendues, et que, par suite, la possibilité d’établir de grandes masses de troupes en arrière d’une ligne fluviale relativement courte sort de la série des cas réels, les seuls dont nous ayons à nous occuper. Quand nous disons ici une ligne fluviale relativement courte, nous entendons par là un développement qui ne dépasse pas sensiblement celui que l’on donne d’habitude à une ligne de défense ordinaire, c’est-à-dire non fluviale. Nous affirmons que de pareils cas ne se présentent pas, et que toute défense