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chap. xviii. — défense des rivières.

en état de porter 20 000 hommes en temps utile sur tout point menacé, alors même que l’ennemi tenterait d’effectuer le passage sur deux points à la fois, tandis que, s’il se bornait à ne risquer qu’un seul passage, elle pourrait lui opposer 40 000 hommes.

Trois circonstances sont donc ici décisives : 1o  la largeur du cours d’eau ; 2o  les moyens auxiliaires de passage ; 3o  la force numérique des troupes de la défense.

De la largeur du cours d’eau dépend le temps plus ou moins long nécessaire à l’établissement du pont, temps dont les troupes de la défense doivent profiter pour se porter sur le point menacé. Des moyens auxiliaires de passage dont peut disposer l’attaquant dépend le nombre d’hommes que celui-ci pourra jeter sur la rive opposée pendant l’établissement même de son pont. Quant à la force numérique, celle de l’armée attaquante n’entre pas encore ici en ligne de compte.

On voit, d’après cet exposé, que, quelle que soit la supériorité de ses forces, il est des circonstances dans lesquelles l’attaque est matériellement hors d’état d’effectuer le passage d’un cours d’eau.

Telle est simplement présentée, c’est-à-dire dégagée encore de l’action des démonstrations que l’attaque peut employer, la théorie de la défense des cours d’eau quand le but du défenseur est de s’opposer directement à l’achèvement du pont et au passage de l’ennemi.

Pénétrons maintenant plus avant dans l’étude des circonstances et des dispositions qu’exige ce genre de défense.

Si nous faisons tout d’abord abstraction des particularités topographiques, une seule règle suffit ici. Les corps de la défense, déterminés théoriquement comme nous l’avons indiqué plus haut, doivent être établis sur la rive même du fleuve, et chacun en état de concentration. Nous disons sur la rive même du fleuve, parce que