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chap. ii. — attaque et défense tactiques.

les guerres de Trente Ans et de la Succession d’Autriche, l’affaire capitale, dans le combat, était moins le combat lui-même que le déploiement et la formation de l’armée en vue du combat, et l’on peut dire que la majeure partie du plan général de bataille n’avait trait qu’à ces importantes opérations préliminaires. Tout l’avantage tactique était donc du côté du défenseur qui se trouvait d’avance déployé et formé sur ses positions, et ce ne fut qu’en gagnant de la mobilité que l’attaque parvint une première fois à prendre de la supériorité. Nous voyons alors la défense chercher protection dans les montagnes ou en arrière des fleuves et des vallées profondes, et reprendre ainsi l’avantage pour le perdre de nouveau lorsque l’attaque, morcelant ses masses en grandes subdivisions indépendantes, ose s’aventurer en pays coupé et tourner la position du défenseur. Celui-ci se vit, par là, contraint à s’étendre de plus en plus, jusqu’à ce qu’enfin l’attaquant, concentrant tous ses efforts sur un ou deux points de la ligne de défense ainsi amincie, parvint à la percer.

Pour la troisième fois l’attaque prit donc le dessus, et la défense dut de nouveau changer de système. C’est ce qu’elle fit avec succès dans les dernières guerres, et depuis lors, maintenant ses forces réunies mais généralement non déployées et autant que faire se peut à couvert, elle se borne à se tenir prête à contrecarrer les intentions de l’attaque à mesure que celle-ci les dévoile.

Cette manière de procéder n’exclut pas entièrement la défense en partie passive du terrain, qui procure d’ailleurs des avantages trop positifs pour que l’application ne s’en présente pas cent fois dans une même campagne, mais, en somme, la résistance passive ne joue généralement plus le rôle capital dans l’action défensive du terrain. Il est clair que si l’attaque devait trouver quelque moyen nouveau de supériorité, la défense