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la défensive.

favorables au placement d’un ou de deux bataillons. On occupe aussi ces positions. On comprend ainsi qu’il y ait des circonstances où le fractionnement s’étende davantage et descende à des compagnies ou à des escadrons isolés. Le cas s’en présente effectivement parfois. Or comme, d’un autre côté, l’effectif respectif des postes secondaires dépend de l’effectif général du gros de l’armée, il est impossible de fixer d’avance quel sera l’effectif dont les postes principaux ne devront pas se départir. Nous nous bornerons, en conséquence, à donner ici les quelques conseils suivants que suggèrent l’expérience et la nature du sujet :

1o  Plus la montagne est élevée et inabordable, et plus on peut et doit augmenter le fractionnement des troupes de la défense. En effet, il faut d’autant plus couvrir directement une contrée, que l’on est moins en état de la protéger par des combinaisons de manœuvres et de mouvements. La défense des Alpes exige un fractionnement de troupes beaucoup plus considérable et se rapproche bien davantage du système de cordons, que celle des Vosges ou celle du Riesengebirge.

2o  Partout où, jusqu’à nos jours, une défense de montagnes a dû se produire, il en est résulté un tel fractionnement des troupes, que, dans la plupart des cas, les postes principaux ne consistèrent qu’en une première ligne d’infanterie avec quelques escadrons de cavalerie en seconde ligne. Le gros de l’armée, placé sur un point central, gardait, en outre et en toutes circonstances, deux ou trois bataillons en seconde ligne.

3o  Ce n’est que dans les cas les plus rares qu’on a conservé, sur les derrières, une réserve stratégique destinée à renforcer les points attaqués, et cela parce que, dans ces circonstances et en raison du grand développement de son front, la défense se sentait déjà trop