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la défensive.

principaux dans les vallées, non pas toujours transversalement pour les fermer, mais souvent même dans le sens de leur longueur, tandis que les derrières n’étaient pas occupés ou ne l’étaient que par quelques postes isolés et peu nombreux.

Les croupes des hautes Alpes sont si particulièrement inabordables et inhospitalières, que le détachement le plus faible ne saurait y trouver un emplacement suffisant.

Si donc, pour en conserver la possession, on veut absolument avoir des troupes dans ces montagnes, il est impossible de les placer autre part que dans les vallées. À première vue cela paraît être une absurdité, car, pour s’en tenir strictement à la théorie, on devrait dire que les croupes commandent les vallées, mais, dans le fait, cette manière d’agir n’est pas si mauvaise. Les croupes, en effet, ne sont accessibles que par un petit nombre de chemins et de sentiers, et, à quelques exceptions près, l’infanterie y peut seule parvenir, car on ne rencontre de routes praticables aux voitures que le long des vallées. On n’a donc jamais à redouter que l’apparition des tirailleurs ennemis sur quelques points de la ligne des crêtes ; or, dans de si hautes montagnes, la distance qui sépare les crêtes du fond des vallées qu’elles couronnent est si grande, que c’est précisément dans une position semblable que le feu de la mousqueterie est le moins à redouter. Cependant il faut avouer qu’en adoptant ce mode de défense on s’expose à un autre danger très grand, celui d’être coupé de sa ligne de retraite. Il va sans dire que l’ennemi ne peut descendre dans la vallée qu’au prix de beaucoup de peines et d’efforts, par certains points, et seulement avec de l’infanterie, mais aucune des positions que l’on a choisies dans la vallée n’a été prise en vue de la défense de ces débouchés ; l’ennemi peut donc peu à peu se concen-