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chap. xvii. — défense des montagnes.

tout autre terrain parsemé d’inégalités et d’obstacles, et des portions duquel on cherche, selon les circonstances, à tirer le meilleur parti possible ; 3o  enfin, que si les éléments géologiques du sol sont nécessaires lorsque l’on veut se rendre compte de la forme de la masse générale des montagnes, ils ont extrêmement peu d’importance dès qu’il s’agit uniquement des dispositions à prendre pour la défense.

Dans la guerre de la Succession d’Autriche, de même que dans celle de Sept Ans et dans les guerres de la Révolution, on ne rencontre aucun exemple de formations défensives qui embrassent tout un système de montagnes, et où la défense ait été organisée selon les lignes principales de ce système. Bien loin d’y voir les armées placées sur les croupes principales, on les trouve toujours formées à plus ou moins de hauteur sur les versants, tantôt dans une direction, tantôt dans une autre, parallèlement, perpendiculairement ou obliquement à la ligne générale d’écoulement des eaux. Ici, par exemple, dans de hautes montagnes comme les Alpes, on voit les formations s’étendre dans les vallées ; là, et c’est l’anomalie la plus frappante, dans des montagnes moins importantes telles que les Sudètes, l’armée de la défense se forme à mi-côte sur le côté opposé à l’ennemi, et par conséquent en arrière des croupes principales. Frédéric le Grand prit une position de ce genre en 1762, lorsqu’il couvrit le siège de Schweidnitz en conservant la Hohe-Eule en avant du front de son camp.

Ce sont des vallées qui constituaient la presque totalité des positions de Schmotseifen et de Landshut si célèbres pendant la guerre de Sept Ans ; et il en est de même de la position de Feldkirch dans le Voralberg. Dans les campagnes de 1799 et de 1800, les Français et les Autrichiens établirent invariablement leurs postes