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la défensive.

point, et que, dans ces conditions, le terrain, au lieu de ne constituer qu’une barrière étroite mais longue, présente une masse centrale d’où rayonnent tous les contreforts et tout le système général de partage des eaux.

Ces considérations, bien autrement sensibles pour celui qui a déjà observé les montagnes à ce point de vue, montrent à elles seules combien il est difficile de fixer des bases à une formation régulière des troupes dans les montagnes, et combien le système que nous venons d’exposer est peu pratique. Nous avons, d’ailleurs, encore à considérer la question à un autre point de vue.

Si l’on étudie à fond les faits tactiques qui se sont produits dans les guerres en terrain montagneux, on en déduit aussitôt deux actes principaux : 1o la défense des versants escarpés ; 2o la défense des vallées étroites. Or la défense des vallées étroites qui souvent, et même dans le plus grand nombre des cas, constitue le moyen de résistance le plus efficace, ne saurait se concilier avec une position prise sur les crêtes principales. En effet, il est souvent nécessaire d’occuper la vallée même, et cela plutôt au point où elle débouche dans la plaine qu’à l’endroit où elle prend naissance, parce que c’est à la sortie des montagnes qu’elle est le plus encaissée. D’ailleurs en défendant les vallées on défend le sol même de la montagne, alors même qu’on ne peut pas prendre position sur les versants. La défense des vallées joue donc généralement un rôle d’autant plus grand que la masse de la montagne est plus impraticable et a une plus grande altitude.

De toutes ces considérations il résulte qu’il faut : 1o renoncer à la pensée de baser la défense sur une ligne plus ou moins régulière choisie en rapport avec l’une des formes géographiques du terrain ; 2o qu’il faut agir sur un terrain montagneux comme on le ferait sur