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la défensive.

dernière. C’est au mode de défense qui, né pendant la guerre de Sept Ans, subsistait encore il y a une vingtaine d’années, qu’il convient d’attribuer l’origine de ce préjugé, alors que le seul parti que l’on sut tirer du terrain consistait à se donner un front difficilement abordable en se plaçant sur les pentes escarpées des montagnes.

Le manque de profondeur de l’ordre de bataille et la solidarité des ailes et du contre de la ligne donnaient alors si peu de force de résistance à la défense, que celle-ci, harcelée par l’attaque, se retirait d’une hauteur sur l’autre, ce qui ne faisait qu’augmenter le mal jusqu’à ce qu’elle trouvât enfin un point d’appui vraiment solide. Y réussissait-elle, ses efforts n’avaient plus d’autre but désormais que d’empêcher que l’armée, étirée comme un canevas sur un métier à broder, ne fût percée quelque part. Chaque point du terrain occupé par la défense avait ainsi sa valeur immédiate et devait, comme tel, être directement défendu. Dans ces conditions il ne pouvait pas plus être question d’un mouvement tournant que d’une surprise pendant le combat. C’était là, en un mot, l’inverse de ce que doit être une bonne défense et de ce qu’elle est en effet devenue dans les derniers temps.

En cherchant les effets dans les causes, il est facile de se rendre compte que chaque fois que la forme défensive est tombée en discrédit cela a été la conséquence de ce que le mode de défense alors en usage, et qui pendant un certain temps avait réellement été supérieur à celui de l’attaque, s’était peu à peu laissé dépasser par les progrès que cette dernière avait faits.

Examinons, en effet, quelles sont les alternatives de supériorité entre l’attaque et la défense qui marquent la progression que l’art de la guerre a suivie dans les temps modernes. Dans le principe, c’est-à-dire pendant