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chap. xvii. — défense des montagnes.

la structure géologique des montagnes, que parce qu’il a réellement régné théoriquement pendant un certain temps, et que, sous son empire, on a cherché, dans l’enseignement topographique, à subordonner la conduite de la guerre aux lois qui régissent l’écoulement des eaux.

Mais ce système est basé sur des hypothèses si fausses et sur des déductions si peu justifiées, il reste si peu de cette théorie lorsqu’il s’agit de l’appliquer, qu’il est vraiment impossible d’y trouver un point de départ rationnel.

Les croupes principales des grandes chaînes de montagnes sont toujours trop inhospitalières et parfois trop inabordables pour qu’il soit possible d’y établir des masses considérables de troupes. Il en est souvent de même des croupes secondaires qui, dans d’autres cas, offrent en outre une surface trop restreinte ou trop irrégulière. Quant aux hauts plateaux, il ne s’en présente pas sur toutes les montagnes, et, là où on en rencontre, ils sont généralement étroits et peu propres à être occupés par les troupes. On peut même dire qu’il est extrêmement rare de trouver une chaîne de montagnes offrant une croupe principale ininterrompue, ou présentant, sur l’un de ses versants, une surface assez peu inclinée ou une succession de degrés en terrasses tels que l’on puisse y faire une formation de troupes. La principale croupe se contourne, s’infléchit ou se fend, de puissants rameaux s’en détachent, s’étendent en lignes sinueuses jusque dans la plaine, et, au moment de prendre fin, se relèvent parfois plus haut que la croupe même à laquelle ils appartiennent ; des contreforts s’y ajoutent et forment de nouvelles et profondes vallées qui ne se rattachent plus au système général. Il arrive souvent, en outre, que plusieurs lignes montagneuses se croisent ou surgissent en un même