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chap. xvi. — défense des montagnes.

taque comme la clef de toute l’opération, et sa possession comme l’objectif à atteindre. Cet objectif c’est la victoire, car une fois la victoire obtenue, il sera toujours facile de prendre les dispositions que les circonstances nouvelles réclameront.


3o  Étude de l’action d’un terrain montagneux comme barrière stratégique.


Il convient ici de distinguer deux cas dont le premier est encore celui d’une bataille générale. On doit, en effet, considérer une chaîne de montagnes, de même qu’un fleuve, comme une barrière qu’on ne peut franchir qu’en certains endroits, et qui, par cela seul qu’elle oblige les forces de l’attaque à se diviser et à n’avancer que par un nombre limité de chemins, donne à la défense l’occasion de livrer des combats heureux, en lui permettant de précipiter sur les corps isolés de son adversaire les fortes réserves qu’elle conserve à cette intention sur ses derrières. Cette façon d’agir de la défense est certainement très logique, car, sans même rechercher s’il y a d’autres raisons qui l’en pourraient empêcher, l’attaquant ne s’aventurera généralement pas à tenter le passage d’un pareil obstacle sur une seule colonne, ce qui l’exposerait au grand danger d’avoir à livrer une bataille générale en n’ayant à sa disposition qu’une seule voie de retraite en cas d’insuccès.

Cependant les montagnes sont si constamment différentes les unes des autres dans leur état constitutif, leurs débouchés dans la plaine sont tantôt si éloignés et tantôt si rapprochés que l’on ne peut s’en tenir à des règles fixes, et que, dans chaque cas particulier, c’est la configuration même du terrain à défendre qui doit inspirer les dispositions défensives. Nous ne men-