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la défensive.

tants en leur adjoignant quelques subdivisions de l’armée ; mais elle doit, par contre, éviter de laisser le gros même de ses forces dans leur voisinage, car il paraît certain que cela paralyse l’action populaire qui s’en repose, alors, sur les troupes régulières, et devient moins ardente et moins audacieuse.

C’est encore là, à notre avis, un motif de plus de ne pas placer l’armée entière dans les montagnes.


2o Influence d’un terrain montagneux sur les contrées voisines.


Nous avons dit qu’il est facile, en terrain montagneux, de s’assurer la possession d’une importante étendue de territoire, dès qu’on peut y placer une série de petits postes qui, sur un terrain accessible, seraient exposés à des dangers constants et hors d’état de tenir. Il en résulte que l’attaquant, lorsque des troupes de la défense occupent déjà une montagne, ne peut avancer que bien plus lentement que dans la plaine. On conçoit donc qu’ici la priorité de possession ait une très grande importance. En rase campagne le terrain peut chaque jour changer de maître, et il suffit, généralement, de faire avancer quelques forts détachements pour contraindre l’ennemi à abandonner l’espace dont on a besoin. Il n’en est pas ainsi dans les montagnes où des forces bien moindres peuvent opposer une résistance extraordinaire. Si donc l’attaquant doit s’emparer d’une portion de territoire située sur un terrain montagneux, cette conquête seule exigera de lui une série d’opérations spéciales qui nécessiteront souvent un grand déploiement de forces et causeront une perte de temps considérable. En plaine, la réussite de chaque opération nouvelle assure généralement la possession de tout le pays situé en arrière du terrain où cette opération s’est accomplie.