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la défensive.

unique ; tout doit se passer avec ensemble et sous la direction, sous les yeux même du général en chef. La défense doit, en un mot, placer tout d’abord une quantité suffisante de ses troupes en réserve, et se donner ainsi quelque liberté d’action et de manœuvre, puis concentrer ses masses sur une position très forte choisie dans la montagne même, de façon à pouvoir tirer de la décision favorable de la bataille quelque avantage de plus que le résultat négatif de l’attaque, quand celle-ci sera venue échouer contre elle comme arrêtée par un obstacle matériel insurmontable. Cette condition est indispensable, mais elle est difficile à remplir, et l’on est naturellement si enclin à se laisser aller à la défense locale obstacle par obstacle, qu’il ne faut vraiment pas s’étonner qu’on en commette si souvent la faute. En somme, cela constitue un procédé si dangereux, que la théorie ne saurait trop sévèrement en condamner l’emploi.

Quant aux combats de signification et d’importance secondaires, les montagnes les favorisent particulièrement, en ce sens que le terrain n’y permet qu’une résistance relative, et que, heureuse ou non, cette résistance ne saurait jamais avoir de conséquences décisives. Nous nous ferons mieux comprendre en énumérant ici les résultats que ce genre de combats peut amener :

a) Ils font gagner du temps. C’est un besoin qui se fait fréquemment sentir, principalement quand on ne prend position que pour faciliter aux reconnaissances les moyens de se procurer des nouvelles de l’ennemi, ou lorsqu’on attend l’arrivée de secours sans lesquels on n’oserait entamer une action importante.

b) On y a également recours pour repousser une démonstration ou pour déjouer une opération secondaire de l’ennemi. Lorsqu’une province est protégée par une chaîne de montagnes, quelque faibles que soient