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chap. xvi. — défense des montagnes.

nous empêcher de le plaindre lorsque, dans ces conjonctures, il se place avec toutes ses forces au milieu des montagnes, sur un terrain à moitié obscurci par l’ombre des profondeurs et par celle des forêts, paralysé dans ses mouvements par la forme même du sol, et s’exposant ainsi, inévitablement, aux attaques que renouvellera sans cesse un ennemi qui lui sera supérieur en nombre. Dès qu’il entre dans cette voie, il n’a plus à choisir ; une seule direction reste ouverte à ses aptitudes militaires. Il n’a plus de ressources que dans l’emploi le plus complet de tous les obstacles du terrain, et peut ainsi facilement en arriver au système pernicieux de la guerre de cordons, de tous les systèmes celui qu’il faut éviter avec le plus de soin. Quant à nous, bien loin de voir un bon procédé défensif dans une bataille générale au milieu des montagnes, nous conseillerons toujours au défenseur de faire tout ce qui dépendra de lui pour n’y être pas contraint. Cependant, comme le fait peut se produire, disons quelques mots des modifications générales qui s’imposeront dès lors au mode habituel de résistance en pays montagneux.

Le caractère d’une bataille, en raison même de l’influence inévitable que le terrain exerce sur elle, est essentiellement différent dans les montagnes de ce qu’il est en pays plat ; le champ de l’action y est beaucoup plus vaste et généralement deux et trois fois plus étendu, la résistance plus passive, la riposte moins accentuée.

Contrairement à ce qu’elle doit habituellement produire en terrain montagneux, à savoir : une résistance en quelque sorte individuelle sur chaque obstacle considéré isolément, l’action de la défense, dès que, sans changer de milieu, il s’agit d’une bataille, doit se modifier et devenir générale. Il lui faut offrir un combat