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la défensive.

tagnes, d’agir avec une audace tactique si grande, qu’il peut y tenir ouvertement tête à une armée entière, et exiger d’elle toutes les manœuvres de démonstration et d’enveloppement qui caractérisent une attaque en règle. C’est à la tactique qu’il appartient de faire connaître de quelle façon, pour arriver à ce résultat, un détachement aussi faible doit tirer parti de tous les points d’appui et de tous les obstacles que lui offre le terrain, ainsi que de la série des positions sur lesquelles il devra se former pour interrompre et retarder son mouvement de retraite. Ce sont là des résultats que l’expérience affirme, et que nous pouvons regarder comme acquis au point de vue stratégique.

On a été porté à croire qu’en donnant une force individuelle plus grande à des postes de cette espèce et en en établissant une suffisante quantité les uns à côté des autres, on devait former un front très fort, en quelque sorte inattaquable, et qu’il ne s’agissait plus, dès lors, que de se prémunir contre un mouvement tournant en s’étendant de la même façon vers la droite et vers la gauche, jusqu’à ce qu’on trouvât sur chaque aile un point d’appui réellement suffisant, ou que l’on pût se fier à l’étendue même de la ligne et la tenir pour intournable. Un terrain montagneux incite particulièrement à cette manière de procéder ; on y rencontre position sur position, et chacune de ces positions paraissant invariablement plus belle que la précédente, par ce fait seul on ne sait plus où s’arrêter. On en arriva ainsi, de proche en proche, à occuper par de petits détachements tous les points de passage de la ligne montagneuse que l’on projetait de défendre, et l’on crut, ayant ainsi réparti douze ou quinze petits postes sur une étendue d’environ 10 milles (74 kilomètres) ou même davantage, s’être parfaitement mis à l’abri de toute surprise. Partant alors de ce fait que