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la défensive.

a) L’attaquant peut dépasser une position forte et, se contentant de laisser devant elle plus ou moins de troupes, poursuivre son entreprise.

Ici il convient de dédoubler la question, et de distinguer le cas où la position retranchée est occupée par le gros même de l’armée de la défense de celui où elle n’est défendue que par une fraction de cette armée.

Dans le premier cas l’envahisseur n’a intérêt à passer outre et à négliger la position que si, en dehors de l’armée de la défense, il existe un autre objet important tel qu’une place forte ou une ville capitale dont la possession aurait une grande valeur pour l’attaque. Dans cette supposition même, cependant, l’attaquant ne pourrait ainsi passer outre que si la force de sa base et la bonne situation de sa ligne de communications ne lui laissaient aucune crainte que le défenseur n’agit sur ses flancs.

Nous pouvons tout d’abord déduire de ce qui précède, que la défense n’aura que dans deux circonstances avantage à faire occuper une position forte par le gros de son armée : 1o  au cas où l’intérieur du pays ne présentant pas d’objet capital pour l’attaque, celle-ci n’aurait aucun avantage à négliger la position ; 2o  au cas, au contraire, où l’attaque ayant intérêt à pénétrer dans le pays et à passer outre, la position assurerait au gros de l’armée de la défense le moyen de menacer si gravement les flancs stratégiques de l’envahisseur, que ce dernier serait forcé de renoncer à son projet et de s’arrêter sur un point où on le tiendrait hors d’état de nuire. Mais si l’on prévoit que l’attaque passant outre la position ne menacera pas suffisamment les flancs stratégiques de l’envahisseur, il faut alors, de deux choses l’une, ou ne pas occuper la position ou ne l’occuper que pour la forme, c’est-à-dire dans l’espoir qu’elle en imposera à l’ennemi qui