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chap. i. — de l’attaque et de la défense.

donné témoignage d’aucune idée de réaction offensive, mais il ne faut pas perdre de vue que nous ne présentons ici que des considérations générales, et que nous serions en droit de répondre que dans chacun de ces exemples la guerre a pris fin avant que la réaction offensive ait pu se produire.

Prenons la guerre de Sept Ans à l’appui de ce que nous avançons ici. Dans les trois dernières années de cette guerre Frédéric le Grand resta constamment sur la défensive. La situation générale dans laquelle il se trouvait l’obligeait à agir ainsi, et il est tout naturel qu’un général de cette valeur ne se soit pas écarté de ce qui convenait foncièrement à sa situation. Néanmoins on ne peut se livrer à une étude approfondie de cet exemple spécial d’une défensive en grand, sans arriver à la conviction que le projet d’une réaction offensive contre l’Autriche a présidé au plan général de Frédéric II, et que si cette réaction ne s’est pas produite, c’est uniquement parce que le moment propice ne s’en est pas présenté au courant de la guerre.

La paix de Hubertsbourg semble d’ailleurs prouver que cette supposition n’est pas gratuite. Comment en effet les Autrichiens acceptèrent-ils une paix si désavantageuse, si ce n’est qu’ils comprirent qu’une fois livrés à eux-mêmes et sans alliés, ils seraient hors d’état de contre-balancer par leur puissance les talents du roi, qu’il leur faudrait pour le moins produire des efforts aussi grands que les précédents, et qu’enfin le moindre relâchement de ces efforts leur coûterait une nouvelle perte de territoire. On ne saurait douter, dans le fait, que dès qu’il n’eût plus eu à faire tête à la fois aux Russes, aux Suédois et aux Impériaux, Frédéric le Grand eût aussitôt cherché à écraser ces derniers en Bohême et en Moravie.

Telle est la façon dont il faut entendre la défensive ;