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la défensive.

une position fortement retranchée qu’à celle sur laquelle on n’élèverait que quelques ouvrages insignifiants, nous maintiendrons exclusivement le nom de positions fortes à celles dont nous entendons parler dans ce chapitre.

Nous dénommons fortes les positions qui réunissent des conditions de puissance telles que les troupes qui y sont placées puissent être considérées comme à peu près inattaquables. Ces positions doivent donc être en mesure de protéger une certaine étendue de territoire, soit directement par le choix même de leur emplacement et au moyen des troupes qu’elles renferment, soit indirectement en permettant quelque autre mode d’emploi de ces mêmes troupes.

Les lignes étendues dont on faisait usage dans les anciennes guerres, — citons par exemple celles qu’on avait établies sur la frontière française, — avaient la première de ces significations, tandis que, lorsque la position doit répondre à la seconde, elle doit faire face dans toutes les directions ainsi que cela a lieu pour les camps retranchés sous les places fortes.

Lorsque, par suite des retranchements qu’on y a établis ou en raison de ses obstacles naturels, le front d’une position est si fort que l’attaque est absolument impossible sur ce front, l’ennemi est obligé d’exécuter un mouvement tournant pour porter ses efforts sur les côtés ou sur les derrières de la position. Afin d’empêcher ce mouvement tournant et l’attaque qui le devait suivre de se produire facilement, la défense, lorsque l’on faisait usage des lignes étendues dont nous venons de parler, cherchait à les protéger par des points d’appui sur les ailes. C’est ainsi que l’on avait appuyé les lignes d’Alsace par leur droite au Rhin, et par leur gauche aux Vosges. Plus le front de ce genre de lignes était étendu et plus on les regardait comme protégées