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la défensive.

qu’elle puisse être considérée comme augmentant puissamment la force des troupes qui l’occupent. Là où le terrain, bien que déjà relativement fort, ne l’est cependant pas encore autant qu’on le pourrait désirer, on en complète la défense par des retranchements. C’est ainsi qu’il arrive souvent que certaines parties d’une position deviennent imprenables, et que, parfois même, cela se présente pour la position entière. Dans ce dernier cas les dispositions de la défense sont manifestement de tout autre nature, et il ne s’agit plus dès lors pour elle de faire tourner à son profit la campagne en cherchant la victoire dans une bataille engagée dans des conditions favorables, mais précisément d’arriver à ce résultat sans bataille. En effet, en plaçant ses troupes sur une position inexpugnable, le défenseur rend le combat absolument impossible, et contraint par conséquent l’attaquant à chercher la solution par d’autres voies.

Il convient donc de séparer absolument les deux cas, et nous traiterons le second dans le chapitre suivant sous le titre de Positions fortes.

Quant à la position défensive dont nous nous occupons ici, ce n’est autre chose qu’un champ de bataille choisi d’avance dans des conditions avantageuses pour l’action de la défense. Or, pour qu’il y ait bataille, nous avons vu tout à l’heure qu’il ne fallait pas que les avantages de la position fussent trop exagérés. On se demandera donc quel degré de force doit présenter une bonne position défensive. La réponse est manifeste : la position doit être d’autant plus forte que l’adversaire est plus hardi. Si l’attaque est conduite par un Bonaparte, les moyens défensifs devront être supérieurs à ceux qu’il suffirait d’opposer à un Daun ou à un Schwarzenberg.

Lorsqu’une position est inexpugnable dans quelques-