Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.
113
chap. xii. — positions défensives.

tenir compte, ce qui nous oblige tout d’abord à approfondir deux sujets qui ont de la ressemblance entre eux, et que, par suite, on confond très souvent.

Nous voulons parler de l’action de tourner une position et de celle de passer outre.

C’est par rapport à son front que l’on tourne une position. On exécute cette manœuvre soit avec l’intention d’attaquer la position sur ses flancs ou sur ses derrières, soit avec celle d’en interrompre les lignes de retraite ou de communications.

Lorsque le mouvement a le premier de ces buts, c’est-à-dire lorsqu’il vise à l’attaque des flancs et des derrières, il appartient à la tactique. De nos jours la mobilité des troupes est devenue très grande, et l’objectif de tout combat est toujours de tourner ou d’envelopper l’ennemi. Cette éventualité doit donc être incessamment présente à l’esprit du défenseur dans le choix d’une position ainsi que dans les dispositions à y prendre, et, pour que la position soit véritablement forte, elle doit, indépendamment d’un front solide, offrir aux troupes qui l’occupent de bonnes conditions de combat sur ses flancs et sur ses derrières.

Lorsqu’il en est ainsi, l’action efficace de la position ne se trouve pas anéantie par un mouvement tournant de l’ennemi, la bataille ne prend pas une tournure inattendue pour le défenseur, et celui-ci conserve toujours la somme d’avantages que l’action défensive comporte normalement.

Si au contraire l’attaquant, en tournant la position, se propose d’agir sur les lignes de retraite et de communications de la défense, la manœuvre devient stratégique, et la question se modifie ainsi : combien de temps la position pourra-t-elle résister à cette action indirecte, et le défenseur réussira-t-il, par ses contre-manœuvres, à paralyser l’effort de l’attaque en la forçant à l’abandon

ii. 8