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la défensive.

les besoins défensifs des États ; on n’y trouve aucune trace de ces idées fantaisistes et de ces finesses stratégiques qui, nées des besoins exclusifs d’une époque, continuent parfois à s’imposer dans la question, et font commettre des fautes irréparables lorsqu’il s’agit de l’érection de forteresses qui doivent durer un demi-siècle et plus. La forteresse de Silberberg en Silésie, que Frédéric II a bâtie sur l’une des crêtes des Sudètes, est dans ce cas. Elle a perdu presque toute son importance, et n’a pour ainsi dire plus de raison d’être par suite du changement complet des circonstances, tandis que si l’on avait fait de la ville de Breslau une bonne place de guerre, elle le serait à jamais restée, aussi bien contre les Français que contre les Russes, les Polonais et les Autrichiens.

Il ne faut pas oublier, d’ailleurs, que les considérations que nous venons d’émettre ne visent nullement un État qui aurait à établir de toutes pièces son système de défense territoriale. Un pareil fait ne se produira que bien rarement s’il se produit jamais, et nous ne l’avons nullement en vue ici, tandis que les conditions que nous venons d’énumérer peuvent toutes se présenter, lors même qu’il ne s’agirait que de la création d’une place isolée.