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chap. xi. — places fortes.

mètres). Le cours d’eau qui traverse la sphère d’action d’une forteresse gêne, en effet, cette action sous tous les rapports que nous avons exposés plus haut[1].

Il est facile de voir que les marais et les forêts inaccessibles et de vaste étendue présentent à ce sujet les mêmes conditions que les grands cours d’eau. Par contre il n’en est pas de même des montagnes, en ce qu’elles n’interdisent pas d’une façon absolue les mouvements des grandes et des petites masses de troupes, et ne leur opposent qu’une difficulté relative. Cependant une place forte est mal placée dans le voisinage du versant des montagnes du côté de l’ennemi, car elle est alors difficile à secourir, tandis que, située sur le versant opposé, elle augmente extraordinairement la difficulté du siège, par la raison que la montagne coupe alors les lignes de communications de l’assiégeant. Citons, à ce sujet, le siège d’Olmütz en 1758.

On demande fréquemment aussi si des villes situées dans des contrées d’abords très difficiles se présentent dans de meilleures ou de plus mauvaises conditions en tant que forteresses ? Comme elles peuvent être fortifiées à moins de frais, ou, à frais égaux, être rendues plus fortes et souvent devenir inexpugnables, et que d’ailleurs les services que rend une forteresse sont souvent plus passifs qu’actifs, il semble qu’on soit en droit de ne pas accorder grand poids à l’observation qu’elles peuvent être facilement bloquées.

Si, pour terminer, on jette un coup d’œil d’ensemble sur le système de fortification territoriale que nous venons d’exposer, nous croyons qu’on le trouvera d’une grande simplicité. Il est basé, en effet, sur des données positives et sur des relations durables en rapport avec

  1. Philippsbourg est le type d’une forteresse mal située. On peut la comparer à un homme qui se placerait le nez contre la muraille.